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Envoyez-nous vos créations liées au mouvement social “culture en danger” à culture-en-danger63@riseup.net

(Le choeur est éparpillé. Les isolés se voient. Le chœur s’unit pour prendre parole. Les lèvres bougent, inaudibles dans le son. Puis, silence.)
– T’entends ?
– Toutes ces paroles…
– Ça pullule, là, dans l’air…
– T’entends ?
– Non.
– Là !
– Ça souffle !
– Ça pousse entre les côtes…
– Ça veut sortir…
– T’entends ?
(Le chœur inspire puis parle.)
– Elle dit : en ce moment je rêve d’empathie. De gens qui comprendraient ce que vivent les autres.
– Il dit : je faisais des pneus. Toujours été heureux. Dans les bureaux, faut dire. Maintenant c’est devenu pire. Y’a rien pour ceux qui arrivent. Alors, je suis dehors.
– Elle dit : je suis infirmière, mon métier c’est le soin. Approcher l’autre, c’est se rapprocher de soi-même. Ça donne sens à ta vie, quand elle est un champ de ruines. Sept ans à célébrer ça. Sept ans à voir cette île sacrée se désagréger.
– Il dit : je suis étudiant, militant pour l’égalité. Un combat quotidien. Aujourd’hui je suis révolté contre un système qui opprime, un système qui vole, qui tue et qui mutile.
– Fleuriste ! Va m’expliquer pourquoi moi, je reste ouvert ! Essentiel, Dieu a dit ! Faudrait changer de système. T’es d’accord ? On est deux.
– Depuis le 2 novembre, ma fille de 6 ans porte le masque à l’école, toute la journée, pendant toutes les récréations. Même le sport est proscrit. Les enfants ne se croisent plus. Séparés par des plots. Retrait du protocole pour les moins de dix ans !
– Moi je suis enseignant. Je donne mes cours en visio. L’enseignement c’est un échange, il s’adapte à l’élève. J’ai besoin de ressentir ce qui se passe chez ceux que j’ai autour de moi. Tout seul, je soliloque. Seul, face à mon miroir.
– Relativisons la gravité de la situation. Je suis médecin urgentiste. La vaccination montre son efficacité. Les prises en charge ont évolué, il y a plus de malades qui ressortent vivants. Mais la réa s’est allongée et les services sont engorgés. Il y a des solutions : 8000 lits de réanimation.
– J’ai pas l’air mais je suis en colère. Je me suis forgé un caractère, sourire même si ça va pas, les gens n’ont pas à subir ça. Je me retiens. Je suis conseiller. Mutualiste. Faut bien aider.
– Masquées, couvertes de la tête aux pieds, comme c’est dur d’accompagner ces personnes qui ont peur, étouffent, sans les bras de leurs proches, ces personnes qui meurent, seules. Nous, les soignants héros, on devient des coupables.
– Le lycée j’en peux plus, les journées sont rythmées et pas d’échappatoire, des lignes, des lignes, des cours, c’est super difficile, je peux pas vivre en cadence.
– Moi je suis libraire, privilégiée, parce que je peux faire mon métier. Mais il y a quand même un virus, un danger, il y a des gens gravement malades, des gens qui meurent, on ne peut pas, ne pas penser à ça…
– Essayons de changer les choses ! De nous regrouper. Ça passe par des rassemblements, des pétitions, manifester, se poser ensemble et discuter pour imposer un rapport de force au gouvernement, à la bourgeoisie ! Allocation d’autonomie !
– Je suis porte-parole de deux collectifs : « article 35 »/« défense des libertés ». On a rencontré des maires, des députés. On écrit en ce moment. On va sortir un livre : « la vérité rend libre ».
– La chute a commencé en maison de retraite. Cotée en bourse. Bénéfices faramineux. Rationnement. Trois couches par personne et par jour. Allez donner les traitements… en 20 minutes à 90 résidents.
– C’est grave en ce moment ce qui se passe.
– Moi je viens pas d’un milieu où on avait une conscience de classe.
– Aujourd’hui les gens ont besoin de se parler, de se rencontrer. L’occupation d’un lieu comme la comédie est l’occasion rêvée.
– La quoi ?
– La comédie.
– Y’a pas de quoi rire !
– La comédie. Le théâtre.
– La maison de la culture.
– Quelle culture ?
– Je suis musicienne, je joue de la Harpe.
– Danseuse et chorégraphe.
– Je fais du son, des ambiances, des musiques.
– Mon métier me donne l’envie de me lever, des espaces temps pour rencontrer, l’illusion d’être engagée.
– J’écris, je réécris, je performe, je perce la forme, le texte, selon sa forme.
– La perf, c’est un contact direct. Ça atteint l’autre, son affect.
– Trouver, comment ça sonne, se répond, se résonne…
– La photographie, c’est la liberté. Se laisser porter par le vent. Si je pouvais plus… Je sais pas ce que je ferai. Des photos dans ma tête.
– Je sais pas si je suis artiste ou pas. Pour l’instant je suis au RSA. Je sais pas ce que je fais. Je danse. Je fais ce que je sens, avec ce qui est là.
– Mon métier c’est ma vie, ma passion, toutes mes peurs, mes frissons, mes plus grands bonheurs. C’est un cri, dans le silence. Un cri.
– C’est retrouver un peu son enfance, ce plaisir qu’on reçoit et qu’on peut donner. C’est jubiler, quand même, jubiler. La foule, tous les corps réunis, la chaleur, les bruits, la vibration !
– L’ÉNERGIE.
– « L’enfant est artiste, l’artiste est génie de son art mais le vrai génie c’est rester enfant toute sa vie. »
– On est retraités, on a du temps
– pour la culture, pour les concerts, pour la lecture.
– Maintenant notre vie est coupée.
– Même de la famille, des amis.
– Voilà. On se promène tous seuls.
– Sans culture on est des gens morts.
– La vie manque d’émerveillement, de perspectives, de questionnement…
– Tu sors du quotidien, tu crées…
– …. dans le vide intersidéral !
– NON Les lieux culturels ne sont pas des clusters ! Prouvé scientifiquement.
– S’il n’y a pas de lieux pour la culture, la culture sera dans tous les lieux !
– La culture, ça rassure, ça relie, ça nourrit.
– La culture du moment, c’est la culture du viol…
– La culture appartient au peuple !
– L’art est porteur de sens, de sensibilité…
– L’art doit être inutile !
– Quand on va au théâtre, ça m’émeut, ça m’exalte…
– Le théâtre est un soin, l’art soulage les âmes !
– L’Art, une essence pour s’exprimer !
– On s’endort, on se réveille comme ça !
– On n’est pas des oubliés !
– On est là !
– Y’a des gens qui ne sont pas là. Des gens que ça intéresse pas.
– Moi !
– On s’unit.
– Pour témoigner de ce qu’on vit.
– Pour que quelque chose existe.
– « Je dis à la bataille qu’elle peut
– M’ouvrir les entrailles
– Mais qu’elle ne peut
– Fermer les yeux du poème !
– Là est son problème » !
– La culture c’est un truc puissant. Ta culture raconte qui tu es. Ça fait notre histoire, nos identités…
– ça rassemble, ça s’inspire tout le temps. Toute la culture, même la cuisine.
– Corinne Masiero, elle a une grande gueule mais c’est franc du collier, elle défend son métier et elle a eu raison.
– Je veux pas faire de tape à l’œil. Trouver des formes qui parlent aux gens.
– Mais aussi laisser une empreinte, un écho de liberté, de parole.
– L’art ça me permet de survivre, chaque jour, d’augmenter la joie.
– Ce qui me manque c’est les fins de concerts (et les milieux de concerts aussi).
– Boire une bière là, juste à côté.
– Le sourire…
– A la maison, c’est pas pareil. On sourit mais bon, on est deux.
– Des fêtes, des projets, du rêve, de la sérénité…
– Dormir/Manger/travailler/ copuler. C’est ça qu’on vit ?
– OUI !
– Ça nous suffit ?
– NON !
– Alors c’est con.
– Faut qu’on soit honorés. Tous. En tant qu’êtres humains.
– On pourrait profiter de toutes les alvéoles, habiter tous les lieux que l’on peut habiter : restos, cafés, même vides…
– Bureaux !
– Écoles !
– Casernes !
– Salles de sport, magasins !
– Cathédrales !
– Rues !
– Chantiers !
– Allumer de la diversité, défricher du crâne, semer de l’idée…
– Tu vois, comme une matière qui relie ! Par exemple dans le genou, y’a la synovie. S’il n’y avait que les os, ça pourrait pas bouger, ça gratterait, ça coincerait.. la synovie c’est le liant, ce qui permet le mouvement…
– On n’est pas des machins stagnants !
L’Agora c’est la possibilité
pour CHACUN de participer à la gestion de la cité !
– Montons des conseils citoyens !
– Réquisitionnons des terrains, des friches non utilisées !
– Construisons des lieux neufs !
– Partageons de la vie, des communs, populaires !
– Toutes les expérimentations !
– Que la population développe ses solutions !
– Apprendre à discuter, avoir une analyse, poser des réflexions ça te fait …
– évoluer.
-Tant qu’il y a de la lutte, y’a de l’espoir !
– Le bien-être aussi… ça s’attrape.
– Cultiver le vivant, en nous et tout ce qui nous anime, nourrir ce vivant en nous-mêmes pour préserver notre santé, prendre soin de tout ce qui circule…
– de tout ce qui vibre…
– de tout ce qui bat…
– nos sentiments, nos relations…
– nourrir corps, esprit, émotion…
– Faire récit commun !
(Un temps. A l’autrice…)
– Quoi ?
– Quel récit ? Où ?
– Pour dire quoi ?
– Qu’est-ce qu’on dit ?
– Qu’est-ce que t’as écris, toi ?
– Moi ?
– Tu nous as écrit un truc ?
– Un texte ?
– T’as écrit quoi ?
– Tu vas pas nous laisser comme ça ?
– Tu vas la cracher ta poésie ?
– T’en as des mots ?
– T’as des mots, tu fais des phrases !
– T’as des phrases, tu fais ta poésie !
– Tu te démerdes !
– Une couche de merde ! Une couche de mots ! Une couche de merde !
– Une couche de mots !
– Une couche de merde
– Une couche de mots
– Une couche de merde
– Une couche de ciel
– Une couche de merde
– Une couche de vent
– Une couche de merde
– Une couche de peau
– Une couche de merde
– Une couche de mots
– Une couche d’extase
– Une couche de merde
– Une couche de vase
– Une bouche de corps
– Une mouche de sel
– Une couche de mort
– Une touche de pluie
– Une touche de nuit
– Une couche de toi
– Une douche d’amer
– Une louche de peur
– Une couche de sueur
– Une louche de ciel
– Une lampée de sel
– Une goutte de miel
– Une souche de bois
– Une louche de toi
– Une couche d’étoiles
– Une couche d’étoiles
– Une couche d’étoiles
– Une couche de merde
– Une couche d’élan
– Une couche de langue
– Une couche de terre
– Une couche de feuilles
– Une couche de vers
– Un plumard de vers de terre
– Une couche de vie à mille voix
– Une couche d’art mouvant sous la merde
– Sortant la tête du trottoir
– Un mille feuilles humain racinaire
– Démerdé des rages souterraines
– Un coup de gueules
– Un coup de cœurs
– Un coup de souffle
– Un coup de souffle
– Un coup de souffle
– UN COUP DE SOUFFLE
– Corps découchés sortis de la fosse
– Un peuple humus de plus que merde
– Corps pas si morts de toute beauté
– à faire un chœur à mille étrons
Allongeant racines hors béton
– Sublimes cons créant compost
– Faisant de leur couche merdique
– Un lit d’or vert d’où s’étirer
– Une couche de vie
– Une couche de troncs
– Une couche de sève
– Une couche de cons
– T’entends ? le son ?
– Une couche de mots
– Une couche de merde
– Une couche de morts
– T’entends ?
– C’est le vent.
– Une couche de temps
– Une couche de boue
– T’entends pas le son du fond ?
– Où ?
– Là-dessous !
– ÇA Y EST !
– On y est
– fondus aux tourbes des forêts
– Sous nos pieds tanguent les grands fonds
– Tu sens ?
– La houle enflant
– Et le cri des baleines
– T’entends ?
– La même haleine que nous monstres humains
Écumant de plastoc
– Le même amour des vagues
– Rendez-vous à la plage là d’où on est sortis !
– Les mêmes, rampant, sans poils !
– Hagards, jetés sur l’île !
– Une couche d’argile !
– A quoi ça sert ? Y’a rien !
– On va trouver !
– Attends pas l’hélico moulé à ton rocher !
– Une moule qui s’obstine à crisper les mâchoires !
– Profite !
– Reprends ce temps…
– Il est doux…
– fait de vents, de chants, de peaux frôlées…
– parfums d’étés dansants hors du sentier tracé…
– J’ai mal ! J’ai mal aux pieds !
– Viens dans le tas !
– C’est quoi ?
– Un tas de merde ?
– D’accord
– Une bouse inutile qui fait pâle dans l’azur
– Une couche de merde humaine emplie de nostalgie
– Ce temps où nous avions des vies qu’on remplissait
– Ce n’est qu’un tas de merde encore a l’air de rien
– C’est normal, on fermente
– On bredouille, on inepte !
– on déblatère en grappes !
– On s’carapate en meutes !
– On jongle, on décapsule !
– Une bande de têtes de mules saoulées à l’hydromiel pédalant dans la semoule !
– Squatteurs auto-fondés !
– libérateurs d’inspir’!
– Shootés d’aubes inconnues !
– Un bout d’ongle incarné dans la luxure du monde
– Mais debout hors la mort !
– Gonflé de vivre encore !
– Chacun veilleur, veilleuse !
– Créatrice, faiseur de pistes où exister !
– Déconfiteurs d’audaces !
– Excarracheurs de joies !
– Oui, frère, ce n’est qu’un tas !
– Embousé dans la glue !
-Yes, sœur, on peut mieux faire !
– Mais ça n’est qu’un début….
visage de femme linogavure Culture en Danger
Linogravure Zoé
ville oeil acab culture 63
Linogravure noire carré
Deux silhouettes a long cou linogravure

Photo | Nicolas Anglade

Campagne de Vaccination massive contre la RAC (Réforme de l’Assurance Chômage) devant le siège local du Medef
texte colorée lettrage tract pour marche colorée 63
Par Zoé

Gratitude
Mon bon roi, merci,
la cage tu as agrandie,
épris de compassion
pour la nation,
tu es plein de mansuétude,
tu en as l’habitude.
Parfois j’ai pu douter
de ta grande bonté
et pourtant la liberté
tu l’as grillagée
mais nous pouvons respirer
grâce à tes mailles aérées.
Ton valet, l’ami Jean,
un brave gars toujours content
amuse la galerie
par un bouquet de fourberies.
Mon bon roi merci,
de canaliser nos envies
et distraire nos colères
alors que nous sommes en guerre.
Tu peux compter sur nous
pour qu’un jour,
de ton piédestal,
tu vacille
et t’étales.
Jean-Marc Pineau à Thiers le premier avril de l’an 2021

Photo | Le collectif des collages contre les féminicides de Clermont-Ferrand envahi les murs pour défendre la culture !

Photo | Eric Cabanis

Photo | Nicolas Anglade

Culture en Danger 63 - Thomas